La mouette au Centre National des Arts à Ottawa

Critique de Ninon Hauet

La mouette, une pièce initialement écrite par Anton Tchekhov, réadaptée par Guillaume Corbeil puis mise en scène par Catherine Vidal a fait son apparition à l’affiche du CNA le 11, 12 et 13 avril. La représentation commence de manière plutôt originale, avec une machine de popcorn et de barbe à papa ainsi que des cousins et transats installées sur la scène. Les acteurs invitent les spectateurs au fur et à mesure que la salle se remplit à venir sur scène déguster une sucrerie en assistant à une séance d’improvisation des acteurs qui font un travail extraordinaire pour rester dans leur personnage. La metteuse en scène insiste sur l’importance de ce moment quant au reste de la représentation : cela sert à casser le quatrième mur et rapproche l’audience des personnages de la pièce. Le décor ajoute à cette atmosphère chaleureuse qui enveloppe l’audience au moment où elle rentre dans le théâtre, avec des rubans colorés suspendus du plafond et recouvrant le fond de la scène, s’apparentant même à une pinata. Cette ambiance de “kermesse” accueille les spectateurs au cœur de la pièce et permet de rencontrer et d’échanger avec les personnages.

Cependant cette ambiance chaleureuse fait contraste avec le contenu de la pièce. En effet, entre rivalité, triangles amoureux et ambition artistique, La mouette peint un tableau complexe de la vie réelle. Les personnages ont chacun leur propre histoire, rêves et desir : Macha est amoureuse de Kostia, un jeune homme essayant de devenir écrivain, fils de la grande actrice Irina Arkadina, mais ce dernier est tombé pour Nina, une jeunne femme rêvant de devenir actrice, mais celle-ci s’est laissée conquerir par le grand auteur Boris Trigorine, qui est lui-meme en relation avec Irina. Cœurs brisés, tromperie et manipulation seront donc aussi de la partie. Si cela vous semble complexe, c’est parce que ça l’est, tout se mêle et s’entremêle. Cependant, ne vous en faites pas – l’histoire est en réalité facile à suivre et vous mènera à travers une montagne russse d’émotions, vous faisant passer des rires aux pleurs. Cette pièce est la définition même du cours de la vie, tout le monde finira par passer à autre chose et prendre son propre chemin.

Mattis Savard-Verhoeven, qui interprète Kostia, a offert une performance incroyable du début à la fin en travaillant en parfaite harmonie avec Madeleine Sarr (Nina), surtout dans une des dernières scènes du spectacle, les retrouvailles de Kostia et Nina. Dans cette scène, les deux acteurs arrivent à faire ressentir au public la détresse de leurs personnages qui tentent tous les deux de vivre au mieux cette “vie d’artiste” dont ils ont tant rêvé. Je me dois aussi de mentionner le travail de Simon Beaulé-Bulman, interprétant un professeur d’école primaire : malgré l’aspect tragique de son personnage, il réussit à faire rire le public. De plus, son improvisation au début du spectacle a laissé paraître son talent de comédien. Et finalement, je souligne la ténacité de Olivia Palacci, interprétant Macha, qui à cause d’un accident a dû jouer tout le spectacle avec une béquille, et a dû descendre et remonter de nombreuses fois les marches sur scène. Cependant cela ne l’aura pas arrêté d’offrir une très belle performance.

Au final, je garderai un très bon souvenir de ces deux heures passées dans le Théâtre Babs Asper. Et si l’occasion se présente pour vous, je vous conseille fortement d’aller assister à une représentation de La mouette.


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